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par Christian Chevallier, le 8 mars 2003
Cheval
gravé sur une grosse sageaie.
C'est le plus ancien objet utilitaire gravé réaliste qui soit
daté ( environ 22 000 av J.-C.)
il fut découvert à Isturitz dans les Basses Pyrénnées.
D'après les calculs des généalogies bibliques, on peut dire en l'an 2003 de l'ère chrétienne qu'Adam serait né il y a 5763 ans. La date de création marque l'an 1 du calendrier juif. |
Adam est-il le nom du premier homme ?
Les origines de l'Homme sont continuellement renvoyées
à un passé que l'on découvre toujours plus lointain,
bien au delà de 5763 années. Marc Alain Ouaknin note dans "les
mystères de l'alphabet" que "l'écriture la plus ancienne
connue à ce jour est l'écriture cunéiforme. Elle fut
inventée par les Sumériens qui vivaient en Mésopotamie
aux IVème et III ème millénaire avant notre ère.
La Mésopotamie est la région entre les deux fleuves, le Tigre
et l'Euphrate à l'Orient du Croissant fertile.
C'est là que la Bible situe le jardin d'Eden, le lieu de naissance
d'Adam."
Ainsi donc la datation biblique, et le lieu géographique décrit nous oriente vers la naissance de notre humanité culturelle, en quelque sorte la naissance de l'histoire de l'humanité, qui serait l'émergeance de sa prise de conscience historique. L'écriture donne à l'humanité la possibilité d'interpréter sa propre histoire, d'en dégager un sens, une image. Chaque génération laissera aux générations futures une marque, une image de son histoire, un souvenir, une interprétation des événements qu'il leur appartiendra à leur tour de lire et d'interpréter afin d'écrire à leur tour l'histoire de leur vie.
Dieu créa lhomme à son image, il le créa à limage de Dieu, il créa mâle et femelle. (Gen 1 : 27) |
Par trois fois le verbe créer est répété dans ce verset ! Deux fois déjà, le verbe "créer" fut employé : dès le premier verset, et le cinquième jour. Qu'est-ce-que l'auteur a bien voulu nous signifier par cette triade verbale ? Examinons de plus près des trois propositions verbales :
1)wmlcb £d'h t' 'rbyw
"Et il créa l'Adam dans son image" Il s'agit d'une forme verbale précédée d'un Waw inversif qui transforme l'inaccompli "créera" 'rby en accompli "et il créa". On reconnaît cette forme dans le verset Ge 1 : 21 "Dieu créa les grands poissons, ..."
Adam sera le complément d'objet direct du verbe créer, et son nom sera précédé de l'article défini Hé. Ainsi l'auteur exprime la relation de sujet à objet de création entre Dieu et Adam. Mais Ce verset pourrait être envisagé tout autrement comme le note le livre du Zohar déjà à propos du verset 1 : £d' ht'. "Toi Adam". Cette interprétation rajoute à l'idée d'objet de création d'Adam, l'idée d'une intentionnalité dans une relation interpersonnelle : "Je-Tu", dans laquelle l'omniprésence divine nous "objective" en tant que TOI !
Derrière le complément d'objet direct nous
avons le groupe nominal "betsalmo" wmlcb
"dans son image" ! La racine de Tselem £lc
est lc
qui est la contraction l'c ombre ! L'ombre
est la non-lumière, c'est l'autre de la lumière, l'au delà
de ce qui est la lumière, de la conscience ! La prise de conscience
de l'autre, passe par la reconnaissance qu'il n'est pas soi, qu'il n'est pas
une partie de soi, qu'il est au delà de sa propre conscience personnelle.
Ainsi le premier "créer" de Il (Dieu) TE rend autre ... Te
sépare, Te coupe du Dieu créateur ! Nous
sommes dans la relation IL(sujet) - Tu(objet)
De même les animaux vivants sont crées coupés, séparés
du Dieu créateur, ce qui les rend capable de mouvements propres donc
"vivants", mais ce verset signifie qu'il s'agit à propos
d'Adam d'une coupure, d'une séparation d'un autre ordre que celui des
animaux vivants. De quel type de coupure spécifique à l'humain
s'agit-il ?
2) wt' 'rb £yhl' £lcb
"Dans l'image Dieu le créa" Le groupe nominal à propos de "l'image"de "l'ombre" qui était en clôture, revient au départ de cette nouvelle proposition, mais sans le suffixe possessif : "son image". Le mot "image" est cette fois fermée par la lettre £ et le Waw semble s'être déplacé vers la terminaison de wt'. L'ombre est reconnue pour elle-même, refermée dans la lettre finale £ et non plus uniquement relativement à Dieu sujet créateur ! Cette reconnaissance s'accompagne d'un éloignement relationnel, de IL(sujet) -TU (objet), on passe à la relation IL(sujet) - IL(objet). Mais le sujet et l'objet sont reliés dans l'ombre ou dans l'image qui semble comme un voile qui recouvre ensemble créateur et créature. Elle révèle la relation d'unicité qui relie Adam à son créateur.
Jean 10:30 Moi et le Père nous sommes un. |
3) £t' 'rb hbqnw rkz
"mâle et femelle il créa
eux"
rkz
"mâle" sa racine verbale signifie "se souvenir".
Ce mot s'éclate en z l'épée
de rk de la mesure, la marque ! Il sera
question de marque lorsque l'Eternel coupera (trk)
une alliance avec Abram (Ge 15 : 8).
karaz zrk c'est une proclamation
publiée par un hérault. Faire oeuvre mâle c'est donc se
distinguer, se couper de l'ensemble des autres, afin de se proclamer autre.
C'est pour un peuple, se distinguer unique, proclamer son identité
propre au milieu des autres.
Genèse 15:18 En ce jour-là, lEternel coupera une alliance avec Abram, |
hbqnw " et femelle" sa racine bqn signifie "trouer" mais aussi "nommer". bq est un récipient creux, hbq est l'estomac. Tout au contraire de la proclamation de l'oeuvre mâle, l'oeuvre femelle consiste donc, en une invagination, à se cacher en soi, à méditer en soi, macher et digérer en secret les événements extérieurs. Ainsi il est rapporté de Marie ( Luc 2 : 19)
Luc 2:19 Marie gardait toutes ces choses, et les repassait dans son coeur. |
"mâle et femelle" désigne donc Adam dans sa capacité de vie spirituelle, capable de déclarer, d'exprimer son unicité, sa différence, d'apporter à l'existence sa propre contribution et en même temps capable d'introspection de recevoir, d'écouter, et de méditer en soi ce qui est perçu, de l'autre, des autres.
La lettre £ qui terminait le mot "image" et interprété comme le lieu d'unicité du créateur et de la créature se retrouve ici en fin de proposition £t'. On passe ainsi de la relation Il (sujet) - Il (objet) à la relation Il (sujet) - Ils(objet).
Et Dieu vit que cela était bon |
Par cinq fois déjà Dieu vit que cela était bon. Seul le deuxième jour n'est pas accompagné de cette expression. En effet le deuxième jour est le jour de la séparation des eaux et cette séparation n'est pas en soi bonne. Cette séparation n'est que le début d'un processus qui s'achèvera le troisième dans le rassemblement des eaux sous le Ciel en un seul lieu : la Terre.
S'agissant maintenant du sixième jour :
Et voici très bon |
d'm
bwX "très bon" On reconnaît dans le mot Meod
d'm, "très" les lettres de Adam.
Ce mot peut s'éclater en m (préposition
d'origine "de") et ad d' "la
vapeur". C'est de cette vapeur séparée au dessus du sol
(Adamah= forme du féminin de Adam) que l'Eternel donnera à Adam
le souffle de vie ! Adam ajoutera donc en se dégageant au dessus de
la Adamah une surabondance de perfection, un souffle supplémentaire
d'humanité, une capacité perfectible qui n'était pas
dans les capacité d'un objet tout "bonnement" créé.
Cette capacité perfectible est donnée dans le cadre d'une alliance
coupée. Cette alliance n'a pas comme principe une explosion
des désirs personnels dans une unité confusionnelle. Cette éxplosion
désordonnés des désirs existentiels mènera à
la violence des hommes avant Noé. L'Alliance est au contraire une "circoncision",
une"séparation", un "retirement" personnellement
jusqu'à la limite de l'invisibilité afin d'entrer dans une relation
d'unicité plurielle et filiale avec l'Eternel Dieu :
Matthieu 5:9 Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu! |
Cette triade du verbe "créer" exprime en secret comme un éloignement progressif qui sera rendu efficient après la déclaration de la vocation d'Adam dans le verset Gen 2 : 2
Elohim achève dans le jour, le septième l'oeuvre qu'Il a faite, et Il se retire en le jour le septième de toute l'oeuvre qu'il a faite. |
"achève" les lettres qui composent le verbe "achever" kaloh hlk désigne aussi le verbe "fiancer" ... entrer en "fiancaille", entrer dans les con-fiancailles, dans une relation de con-fiance mutuelle !
Ainsi donc la dimension spécifique du créer d'Adam, est au delà du "créer" des animaux vivants du cinquième jour. Elle est dans la capacité reçue du créateur de s'autoproclamer (mâle) dans son unicité personnelle, dans son altérité unique, transmise de génération en génération par la Tradition, et d'autre part dans sa capacité de vie spirituelle "secrète" en lui-même, sa capacité d'introspection, de médiation spirituelle, et d'unicité plurielle.
La relation entre le créateur et la créature s'affirme :
le créateur au départ sujet pluriel "Nous" ( faisons Adam ! ) d'un objet singulier Adam, se sépare progressivement de sa créature, afin qu'un être pluriel Adam "mâle et femelle" puisse se révéler dans une relation de confiance, de fiancaille avec le Dieu unique. C'est tout le projet messianique :(Jean 17 : 21)
afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin queux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu mas envoyé. |
Le mot Adam £d' comme le mot Elohim £yhl' est cerné par les lettres £ et ' qui forment ensemble le mot Am, £' "mère".
Au coeur du mot Elohim les lettres l, h, y totalise le nombre : 30 + 5 + 10 = 45
Ce nombre 45 est lui-même le nombre de Adam : £d' = 1 + 4 + 40 = 45, qui est aussi le nombre du questionnement fondamental Mah ? Quoi ? hm !
Ainsi on peut interpéter ce mot "Adam" par la capacité
matricielle propre à l'humain de s'engendrer en lui-même,
de porte Dalet et porte Dalet, engendrement qui est lui-même expression
de l'engendrement en germe au coeur de l'Eternel. Cet engendrement est
un processus historique d'humanisation qui s'appuie sur l'écriture.
L'écriture permet de proclamer une identité personnelle
et collective, elle est la marque d'une interprétation personnelle
et collégiale de la vie, et engendre une réinterprétation
personnelle et collégiale vers toujours plus d'humanité.
Mais la condition d'engendrement est le principe
sacré du questionnement ! Toute réponse définive
à la question de l'Homme l'enferme dans la "bestialité"
en le séparant définitivement de la possiblité
de l'éternel perfectible ! Cette réponse définitive
à la question de l'Homme, l'enferme dans les préjugés,
dans l'exclusion, dans la violence et le meurtre. Ainsi nous serons des faiseurs de paix, appelés fils de Dieu. Pour en savoir plus sur l'humain, je vous propose ces quelques liens intéressants ! |
hébreu |
Adam |
£d' |
grec |
Adam |
Adam |
Où donc commencent et finissent les frontières d'Adam ?
Cette introduction humoristique quelque peu provocante n'avait comme
unique intention que de susciter un questionnement sur la notion d'humanité
et de bestialité. L'histoire des humains nous montre que malheureusement,
les définitions sur la notion d'humanité ont trop souvent
servi de prétextes et de justificatifs aux exclusions, aux violences
et aux meurtres.
Quelle meilleure aubaine pour accomplir un crime en toute bonne conscience que la certitude "philosophique" et "théologique" que la victime n'est pourvue d'aucune "humanité", ou pas encore pourvue d'assez "humanité", ou même dangereuse pour l'humanité que nous prétendons représenter ! Mais donc commencent et finissent vraiment les frontières d'Adam ? |
Genèse 1:26 Puis Dieu dit: Faisons Adam à notre image, selon notre ressemblance, et quil domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.