Miriam

Marie, Miriam est le personnage littéraire de la Torah qui symbolise le peuple d’Israël résistant.

« Résister, c'est rêver qu'un autre monde est possible. Et contribuer à le bâtir. »  Ignacio Ramonet

 

Elle est la sœur de Moïse qui « se tient à distance pour observer ce qui lui arriverait »
(Ex 2 : 4).

 

Tout nouveau-né mâle parmi les enfants d’Israël devait être jeter dans les eaux du Nil.

Une femme de la tribu de Levi avait conçu un enfant, caché pendant trois mois, puis mis dans un berceau en jonc sur l’autre rive du fleuve. Là c’est la fille du Pharaon qui recueilli et adopta Moïse. Miriam est l’ambassadrice entre la fille du Pharaon et la mère de Moïse et permet que Moïse puisse être allaitée par sa mère. (Ex 2 : 7)

 

Myriam est nommée pour la première fois au moment de la sortie d’Egypte (Ex 15 : 20).

 

Exode 15:20  Miriam la prophétesse, soeur d’Aaron, prit à sa main un tambourin, et toutes les femmes vinrent après elle, avec des tambourins et en dansant.

Exode 15:21  Miriam  répondait aux enfants d’Israël: Chantez à l’Eternel, car il a fait éclater sa gloire; Il a précipité dans la mer le cheval et son cavalier.

 

Origine de son nom

Miri : rebellion, obstination

Mar : amertume

Maim : les eaux qui se regroupe autour d’un principe en son sein Resh Miriam.

Egyptien Mer qui signifie « Amour »

A noter que l’anagramme de Marie est Aimer.

 

« Miriam est prophétesse » Il n’existe que sept prophétesses dans l’Ecriture : Sara, Miriam, Debora, Hanna, Abigaïl, Houlda et Esther.

 

La littérature midrashique explique pourquoi Miriam est appelée « prophétesse ».

 

Elle aurait incité son père à concevoir un enfant en ces termes : »tu es destiné à avoir un fils qui se lèvera et sauvera Israël des mains des égyptiens ( Mekh Shirata 10 : 58-65)

Son père pris de découragement à cause de l’ordre de pharaon de jeter tous les garçons hébreux, aurait divorcé de sa femme et tous les hommes en auraient fait de même. Miriam, lui aurait fait comprendre que son décret était plus sévère que celui de Pharaon, et l’aurait convaincu de se remarier avec sa femme ( sota 12a-13a ;BB 120a)

Elle résiste ainsi au découragement circonstanciel pour aller dans le sens de la vie, de l’espoir et de la vision prophétique.

Un autre midrach limite son rôle de prophète au temps où Moïse n’était pas né, parce qu’elle est désigné « prophétesse sœur d’Aaron » et non pas sœur de Moïse. Une fois la prophétie réalisée (Moïse) elle aurait cessé d’être prophétesse.

« Lorsque Moïse naquit, la maison tout entière s’emplit de lumière, son père embrassant Miriam sur le tête lui dit : « Ta prophétie s’est réalisée » (Meg 14b Sota 13a)

Le rôle de Miriam serait dans ce midrach de permettre à Moïse de naître, et donc à travers la naissance de Moïse que les 12 tribus de Jacob s’élevé en le nom d’Israël.

 

Nous retrouvons dans ces midrachs en filigrane les évangiles de Matthieu et Luc concernant l’annonciation et la nativité :

1)      Marie est prophétesse visitée par un ange de la venue du Messie

2)    Joseph fils de Jacob est fiancée de Marie.

3)    Marie conçoit en l’Esprit-Saint et Joseph songe à la répudier (divorce)

4)    Joseph prendra dans sa maison Marie sa fiancée ( remariage)

5)    Magnificat qui résonne avec le cantique de la mer

Dispute avec Moïse

 

Miriam et Aaron médisent de Moïse à cause de la femme éthiopienne qu’il avait épousée (Nombre 12 : 1)

On assiste à une véritable lutte de pouvoir entre Moïse et Myriam « Est-ce que l’Eternel n’a parlé qu’à Moïse uniquement ? Ne nous a-t-il pas parlé à nous aussi ? Nombre 12 : 2

L’Eternel réprimande Aaron et Miriam mais seule Miriam sera atteinte de la lèpre.

 

Par un jeu de mots les rabbins associent la lèpre et la médisance (metsor’a) (motsi shem r’a)

Moïse intercèdera auprès de D.ieu pour sauver Miriam.

Nous retrouvons des analogies avec les évangiles.

 

Matthieu 12

47  Quelqu’un lui dit: Voici, ta mère et tes frères sont dehors, et ils cherchent à te parler.

48  Mais Jésus répondit à celui qui le lui disait: Qui est ma mère, et qui sont mes frères?

49  Puis, étendant la main sur ses disciples, il dit: Voici ma mère et mes frères.

50  Car, quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma soeur, et ma mère.

1 Ce même jour, Jésus sortit de la maison, et s’assit au bord de la mer.

 

Etre dehors, c’est être hors de la communion spirituelle du peuple d’Israël. Marie et ses frères se trouvent désignés en contradiction avec « ceux qui font la volonté de mon Père ».

 

Luc 2 : 48

48  Quand ses parents le virent, ils furent saisis d’étonnement, et sa mère lui dit: Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous? Voici, ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse.

49  Il leur dit: Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père?

 

Mort de Myriam

« les enfants d’Israël, toute la communauté arrivèrent au désert de Sin, dans les premiers mois, et le peuple s’arrêta à Kadesh. Miriam mourut en ce lieu et fu ensevelie. » Nombre 20 : 1

Le verset suivant explique que la communauté manqua d’eau , d’où la légende du puits de Myriam.

 

Tant que Myriam accompagné dans les enfants d’Israël dans le désert, ils avaient de l’eau nous explique le midrach mais dès qu’elle mourut ils n’eurent  plus d’eau (Ta’an 9).

 

Le prophète Michée la reconnaît comme étant l’une des dirigeantes du peuple d’Israël, en attribuant ces mots de D.ieu : « Est-ce parce que je t’ai tiré du pays d’Egypte et délivré de la maison d’esclavage, parce que je t’ai donné pour guide Moïse, Aaron, Myriam ? » Mich 6 : 4

 

A propos du puits de Miriam, le rabbin Yossi fils de Yhouda écrit : « Israël sera doté de trois bons chefs : Moïse, Aaron, Miriam. »

 

Dans l’évangile de Jean, Marie intervient parce que les époux n’ont plus de vin, et Jésus transforme l’eau de 6 jarres en vin. Au pied de la croix Marie sera désigné par Jésus comme la mère spirituelle de l’apôtre bien-aimé, et l’apôtre bien-aimé désigné comme son disciple.

 

L’image du puits de Miriam a été reprise par les kabbalistes de Safed. Ils pensèrent avoir retrouvé le puits près du lac de Tibériade et disaient que boire son eau ranimait le cœur, l’esprit et l’âme, éclaircissait le sens des paroles de la Torah. La torah est souvent comparée à une source d’eau vive. A chaque génération on croyait que des hommes et des femmes sages aspergeait le sol de son eau et feraient ainsi apparaître de nouveaux puits.

 

 

 

Myriam symbole de la résistance féminine

Elle est l’archétype féminin de l’Alliance dont la littérature midrachique reprendra le thème en l’approfondissant sous le visage d’autres femmes.

Esther, créature douce mais opiniâtre, est celle qui a su arracher l'accord du roi pour tous les décrets favorisants les Juifs.

'Hanna, à l'époque de 'Hanouka , est le symbole du martyre juif, refusant, au prix d'ultimes sacrifices, d'abandonner sa foi : elle encourage ses sept fils à choisir la mort plutôt que de plier le genou devant le dieu grec.

Judith choisit le combat : elle décapite le général qui s'était cru en droit de disposer du corps de ses vaincus.

La coutume veut d'ailleurs que les femmes, particulièrement, s'arrêtent de travailler pendant que brûlent les lumières de 'Hanouka.

Déjà en Egypte, c'est, selon les Sages, "grâce aux femmes justes que nos pères furent libérés".

Du sein de l'oppression et du labeur harassant, elles avaient su maîtriser un esprit de gaieté et une vie familiale. Feignant une coquetterie juvénile, elles maintenaient chez leur mari une certaine joie de vivre.

Leurs miroirs nommés "Miroirs des soldates" furent acceptés au Sanctuaire édifié après la sortie de l'esclavage.

Chifra et Poua, les deux sages-femmes à qui Pharaon avait donné l'ordre de tuer les mâles juifs à leur naissance, s'excusèrent poliment : chaque fois qu'elles arrivaient, c'était trop tard, les femmes avaient accouché d'elles-mêmes... (Exode chap. 1, vers. 18-19)

Tous ces midrachs semblent énoncer une constante. Le Pharaon, ou quel que soit l'oppresseur, croit mater le peuple d’Israël en luttant contre les hommes, et espère la collaboration des femmes. Or, ce sont elles qui montrent une résolution et une fierté particulières, restant fermes devant les injonctions et les humiliations de l'ennemi. L'acte de résistance ne se limite pourtant pas à certains gestes. S'agissant de s'opposer à une domination perpétuelle et souvent invisible, l'oppressé devra lui aussi adopter une attitude constante qui lui permette de tenir tête.

Le mot "victoire", en français, signifie une situation précise où l'on a eu raison de l'adversaire. Dans la Bible, netsa'h est un attribut : cela désigne un rayonnement de puissance qui émane en permanence de la personnalité.

Selon la Qabala, ce rayonnement a d'ailleurs deux aspects - Netsa'h et Hod : l'un étant une puissance qui impose, l'autre une magnificence qui capte, qui convainc.

Ainsi, sans qu'il y ait conflit, même dans la fraternité, les relations se font donc par des affrontements, des entrelacements et des symbioses de ces émanations.

Dans une situation de vainqueurs et de vaincus, cet affrontement permanent est l'arme essentielle de la domination et décide définitivement l'issue de la situation.

Il n'est pas impossible que le peuple dominé ait une influence importante sur la puissance qui l'envahit. Mais le plus souvent, c'est l'inverse qui se produit : le vaincu est tellement marqué par les manifestations de grandeur du conquérant qu'il en intériorise l'image de marque et la fait sienne.

Ainsi on peut se poser la question si la doctrine de l’Immaculée Conception telle qu’elle est expliquée par la théologie chrétienne catholique, image de la féminité idéalisée totalement désincarnée et soumise en silence à la toute puissance théologique de la structure gouvernementale de l'église catholique est de l’esprit de libération du peuple d’Israël ou bien un avatar de l’esprit de domination machiste du monde gréco-romain ?

Dogme de l’immaculée Conception : Après un long débat entre théologiens, le franciscain écossais Juan Duns Scoto (1266-1308) a découvert la clé théologique de compréhension du dogme, en affirmant que Marie a été préservée du péché originel en prévision des mérites du Christ. Pie IX a proclamé le dogme par la bulle “Ineffabilis Deus”.

 

L'Immaculée Conception a peut-être besoin de se retirer dans le désert du personnage littéraire de la Torah : Miriam-Marie, emporté par le souffle de l'éternel esprit de résistance féminine, libérateur et salutaire de toutes les formes d'oppression et d'aliénation structurelle, esprit de l'Alliance du peuple d'Israël. La Femme pourra alors accoucher librement en toute sécurité du serpent qui guette à ses pieds pour dévorer son enfant. (Apocalypse 12 : 4)