Adonaï-Elohim fit tomber un sommeil sur l'homme, il s'endormit.
Il prit un de ses cotés, referma la chair à la place.

 

 

Texte fondamental trop souvent compris d'une manière réductrice. Tentons un plongeons dans un sens plus profond de ce passage à partir des mots hébreux originaux.

Coté... qu'est-ce donc que ce coté dont la tradition a simplement fait une des cotes d'Adam? Le coté, Tselem, c'est aussi le coté du sanctuaire; l'ombre, lieu de la présence de Dieu! L'Éternel endort Adam dans sa présence, en lui il fait un trou, une ouverture... en cette présence elle-même. Mettant à l'ombre de son coté la partie 'féminine' de sa présence divine, créant en Adam un vide, une soif de Dieu, mais également rendant Adam complémentaire, relationnel et par la même capable de s'accomplir et de retrouver la présence de Dieu... en allant vers l'autre.

Apparition de l'altérité fondamentale.

Présentation

Le propos de ce travail est de chercher à démontrer, au travers d'un sujet concret, la tension positive qui devrait être au cœur de toutes les relations entre nos deux "familles", entre le judaïsme et le christianisme qui en est issue.

A partir des mêmes textes de bases, nourri à la même source, nos traditions ont cependant évoluées en des concepts fort différents, même opposés parfois, opposition qui fut fort malheureusement source de souffrances inadmissibles.

Pourquoi en fut-il ainsi? Pourquoi Dieu a-t-il permis que sa Révélation donne naissance ainsi a des frères qui devinrent rivaux? Ce serait-il trompé? ... ou bien cette différence ferait-elle de quelque façon partie de son dessein! Voilà la question!

Je me propose donc de rechercher des éléments positifs, fruit de cette différentiation profonde entre nos deux traditions religieuse. Qu'il soit clair qu'en parlant de 'positif' je n'ai aucunement l'intention d'excuser les souffrances du passé, mais plutôt celle de travailler, dans le présent, a la venue du Royaume auquel nous aspirons tous deux.

Pour ce faire j'aborde un thème central, qui est paradoxalement ce qui peut-être nous rapproche et nous éloigne le plus: le Messie ! Le messianisme est le thème par lequel le christianisme s'enracine le plus visiblement dans le judaïsme. Du messianisme il reçoit l'orientation, à la diagonale de l'histoire, ni purement verticale, ni purement horizontale, Dieu intervenant avec nous, qui permet une histoire sainte, sans équivalent en d'autres civilisations.1

L'attende du Messie est fondamentale pour le judaïsme, tout comme le Christ est le centre fondamental pour le Christianisme. Mais parlons-nous bien de la même chose? Étymologiquement, pas de doute, Christos étant bien la traduction grecque du même mot hébreu Machiah, voulant dire "oint" et les évangélistes prennent la peine de le préciser. Cependant, avec les sens que les traditions ont élaborés chacune dans leur compréhension de ces mots, pouvons-nous prétendre que messianisme et christologie sont la même chose?

 

 

 

1 Jean-Claude Eslin, Approche du Messie chrétien le Fils de l'homme, In: Figures du Messie, In Press, 1997