Livre d'Énoch
Nous trouvons ensuite des apports précieux dans le livre d'Énoch. Un passage me semble particulièrement intéressant d'autant qu'il regroupe plusieurs éléments de ce qui resteront spécifique de la notion juive du Messie. Ce texte nous présente une vision de l'histoire du peuple de Dieu sous forme imagé animal. On y voit d'abord Adam comme un taureau blanc, puis le peuple hébreu représenté par des brebis et les autres nations par des oiseux:
Or ces brebis étaient toutes blanches, et leur toison était grande et propre. Et toutes celles qui avaient péri et avaient été dispersées, et toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux de ciel, se réunirent dans cette maison. Et le Seigneur des brebis se réjouit d'une grande joie, parce que tous étaient bons et qu'ils étaient revenus dans sa maison. Et je vis, jusqu'à ce qu'ils déposent cette épée qui avait été donnée aux brebis du Seigneur. Et toutes les brebis furent appelées dans cette maison, et elle ne les contenait pas. Et leurs yeux à tous furent ouverts et elles virent clairement: il n'y en avait pas une d'entre elles qui fût sans voir. Et je vis que cette maison était grande, spacieuse et tout à fait remplie.
Et je vis qu'il était né un taureau blanc: ses cornes étaient grandes, et toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel craignaient et le suppliaient en tout temps. Et je vis, jusqu'à ce que toutes les espèces fussent transformées: ils devinrent tous des taureaux bancs. Le premier devint parmi eux un buffle; ce buffle devient un grand animal et il avait sur la tête de grandes cornes noires. Et le Seigneur des brebis se réjouit à cause de lui et de tous les Taureaux.
On retrouve en ce texte le retour à l'Adam primordial, le nouvel Adam qui rassemble le peuple d'Israël mais également toutes les peuple et qui introduit toute l'humanité dans l'état de son accomplissement : ils deviennent tous des taureaux, comme Adam. Cet état est caractérisé par la paix : l'épée est déposé, et par la clairevision.
De plus on peu noter que les brebis ont dû se rassembler et obtenir la paix avant l'apparition du taureau qui conclura l'œuvre par cet accomplissement adamique. Il y a donc une œuvre commune, une participation des deux parties en cause dans l'alliance.
Un autre fait est digne de mention: cet accomplissement ne concerne pas que le peuple d'Israël mais toutes les nations! Celles-ci ont reconnu le vrai Dieu et ont leur part dans cet avènement messianique, mais elles ne sont pas assimilées aux brebis, elles ne sont pas converties au judaïsme mais ont leur place propre dans le monothéisme.
Finalement, on y voit bien aussi que le premier taureau et le Seigneur des brebis demeure bien distinct.