Marie de Magdala et le parfum de nard
Jean 12 :3 Alors Marie, prenant une livre d’un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux; et la maison s’emplit de la senteur du parfum. 4 Mais Judas l’Iscariote, l’un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit: 5 "Pourquoi ce parfum n’a-t-il pas été vendu trois cents deniers qu’on aurait donnés à des pauvres?" 6 Mais il dit cela non par souci des pauvres, mais parce qu’il était voleur et que, tenant la bourse, il dérobait ce qu’on y mettait. 7 Jésus dit alors: "Laisse-la: c’est pour le jour de ma sépulture qu’elle garde ce parfum. 8 Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours." |
Cet événement biblique est rapporté dans les autres évangiles de manière nuancée :
Matthieu 26:12 En répandant ce parfum sur mon corps, elle l’a fait pour ma sépulture. Marc 14:3 Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme entra, pendant qu’il se trouvait à table. Elle tenait un vase d’albâtre, qui renfermait un parfum de nard pur de grand prix; et, ayant rompu le vase, elle répandit le parfum sur la tête de Jésus. Luc 7:37 Et voici, une femme pécheresse qui se trouvait dans la ville, ayant su qu’il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d’albâtre plein de parfum, Luc 7:38 et se tint derrière, aux pieds de Jésus. Elle pleurait; et bientôt elle lui mouilla les pieds de ses larmes, puis les essuya avec ses cheveux, les baisa, et les oignit de parfum. |
Cet événement est extrêmement contrasté. S’y confronte les notions poaradoxales de :
Il est en plus chargé de symboles : « la livre » « parfum » « nard » « pied » « cheveux » « jour de ma sépulture »
Examinons tout cela de plus près :
Le nard serait le parfum d’un roseau aromatique qui vient d’Inde. Le grec nardos, n’est utilisé que trois fois dans la Septante dans le Cantique des cantiques :
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En hébreu « nard » se dit « nerd » et vient de la racine « nar » qui est la lampe. La lampe est pour la lumière, ce que l’épouse est pour l’époux.
« parfum » est en hébreu reyah, qui a un sens liturgique. Il apparaît pour la première fois à propos de Noé :
Genèse 8: 20 ¶ Noé
construisit un autel au Seigneur (Adonaï), il prit de tous les animaux
purs et de tous les oiseaux purs et offrit des holocaustes sur l’autel.
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L’hébreu « reyah » a la même racine que le « Rouah » qui est le souffle divin, mais aussi le troisième niveau de l’âme que l’on associe symboliquement au Fils, alors que le quatrième niveau de l’âme est associé symboliquement à Nefesh, l’Epouse.
On peut retrouver cette relation entre Nefesh et Rouah dans le Magnificat qui traite de la relation entre l’âme et le Seigneur :
« mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en D.ieu mon Sauveur. »
La relation entre le deuxième niveau H’ayah de l’âme et le premier Yéh’idah est signifié par l’exultation entre l’esprit et le Sauveur.
Le préposé sacrificateur au temple était chargé d’offrir le parfum, à ce parfum était attendu la Parole divine.
Luc 1:9 (1-8) il fut appelé par le sort, (1-9) d’après la règle du sacerdoce, à entrer dans le temple du Seigneur pour offrir le parfum. |
Alors que st Jean place cet événement dans le contexte d’un dialogue entre Jésus et Juda, st Luc place le dialogue entre Jésus et Pierre. Juda et Pierre seront les deux personnages archétypes de la trahison.
Luc 7 : |
Alors que la controverse entre Jésus et Juda tient sur les notions utilité écclésiale (pour les pauvres) la controverse entre Jésus et Pierre tient sur des oppositions :
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elle les a mouillés de ses larmes et tu ne m’as pas donner
d’eau pour me laver les pieds
-
tu ne m’as point donner de baiser, mais n’a point cessé
de me baiser les pieds.
-
Tu n’as point versé d’huile sur ma tête, elle a versé du
parfum sur mes pieds.
Et ceci finit par une leçon sur le pardon : celui à qui l’on pardonne peu aime peu.
Et Jésus ne compte pas et pardonne gratuitement : « tes péchés sont pardonnés »
Alors que la tête, le chef est le symbole de l’accomplissement de l’être personnel, le pied est le symbole de son devenir, le germe du devenir qui est dans la marche, la rencontre de l’autre. C’est pourquoi en hébreu le pied « reguel » est aussi la fête. D’où peut-être l’expression populaire prendre son pied.
Mais cette marche spirituelle est dans le dépouillement. Ce dépouillement est symbolisé dans le lavement des pieds nus. C’est le geste de Marie-Madeleine la prostituée qui s’était donnée à de nombreux amants et vient vers l’époux qui l’attend :
« Elle est semblable à une veuve ! Grande entre les nations, souveraine parmi les Etats, elle est réduite à la servitude … elle pleure durant la nuit et ses joues sont couvertes de larmes. De tous ses amants, nul ne la console. Tous lui sont devenus infidèle, ils sont devenus ses ennemis. » Jérémie 1 : 1 -2
Marie de Magdala (qui signifie la Tour, de la racine gadol : grand) pleure, elle mouille de ses larmes les pieds du Christ, verse un parfum de nard sur ses pieds, et les essuie avec ses cheveux.
Marie l’humilié, la dépouillée qui se donne entièrement, gratuitement sans compter, par pur amour, démesuré est Marie la Grande. Pendant que Pierre et Juda qui semble regarder Jésus dans un messianisme extérieur dont il serait le principe extérieur.
Cette vision religieuse extérieure du Christ, le trahit, le tue, le mettra en sépulture, pendant que la relation conjugale amoureusement fera ce cette sépulture le lieu de la résurrection christique.
C’est pourquoi il est écrit : « Laisse-la: c’est en le jour de ma sépulture qu’elle garde ce parfum. »
C’est parce qu’elle
demeure dans le dépouillement, entièrement donnée à
son Epoux, le Christ, que l’âme de la pécheresse est la lampe
parfumée qui donne au souffle amoureux de l’Epoux de briller dans
le tombeau vide. Il transfigure ainsi l'âme veuve désolée, dépouillée, en pleurs, en le jardin d'Eden aux milles délices dont elle reconnaitra le jardinier, puis l'époux, le Nouvel Adam, le Messie ressuscité. L’événement de l'évangile
du parfum de nard qui décrit des dialogues entre Jésus et
ses apôtres en contraste avec le silence amoureux recueilli de Marie
est déjà la mise au tombeau et la résurrection préfigurée,
j'oserai presque dire son enseignement par le Christ lui-même. |
Anecdote : Marie de Magdala est ma sainte patronne. Elle a certainement due reconnaître dans ma personnalité infimiment pécheresse, indisciplinée, folle et et démesurément excessive un disciple potentiel. Je ne suis certainement pas à la hauteur de Sa Grandeur, je n'aime pas assez. La semaine de ma conversion, fut dans une retraire silencieuse. Au terme de cette retraite, j'étais bouleversé, lessivé, complètement changé, et la question de mon identité m'a traversé l'esprit.. J'ai alors pensé à la joie de Jésus quand il fut reconnu par Marie de Magdala après la terrible épreuve de la crucifixion. Une jeune femme ravissante s'avance alors vers moi pour me serrer la main et me dit tout simplement : " bonjour, je m'appelle Marie Madeleine." |
Parfum de Beauté
Beauté
de la fleur que la fécondité épanouit ! Le mot " Beauté
" Tipheret contient phar, la fécondité, et perot les fruits
que la fleur promet. La fleur de lys symbolise par sa forme et sa blancheur
le jaillissement du cœur " Tipheret " dans les bras, de la rigueur
et de la miséricorde, de même au niveau du visage, la fleur de
l'être s'épanouit à la racine du nez et distille son parfum.
" Ses joues sont comme un parfum d'aromates, chante la Shulamite, comme
une couche de plantes odorantes. Lorsque l'être naît à son
" devenir ", l'âme est alors comme la chambre nuptiale du ciel
et de la terre rythme les pulsations de la vie universelle.
" Quand l'homme d'humilité s'approche des bêtes sauvages, à peine l'ont-elles considéré que leur nature féroce se dompte : elles s'avancent vers lui comme vers leur maître, baissant la tête,léchant ses mains et ses pieds, car elles sentent émanent de lui, le même parfum que celui d'Adam avant sa chute. " Isaac le Syrien (Sentences) |
" Le parfum des fleurs n'est que le reflet symbolique du parfum de l'homme parvenu à la plus haute expression de sa virilité, de l'homme déifié participant des vibrations lumineuses, sonores et odorants de D.ieu. " Annick de Souzenelle (symbolisme du corps humain) |
Le don des larmes :
Dimah hvmd est le « sang » £d des yeux v , le sang de la source purificatrice du regard. Elle est aussi la connaissance vd qui se même au questionnement hm. Quand la connaissance n’est plus réponse mais une éternelle question ouverte sur l’identité humaine, à sa source divine :
« pourquoi chercher parmi les morts, celui qui est vivant. Il n’est point ici, mais il est ressuscité ! » Luc 24 5 |
La mort est une question qui a
trouvé sa réponse.
Garder la vie sera de demeurer dans l'éternel questionnement messianique :
Où est le Messie ?
La résurrection transfigure la réponse qui est le sépulcre du vivant
en un mystère qui gardera éternellement son secret.
Soudain un homme s’avance. Marie de Madgala croit qu’il s’agit du jardinier. « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis. » supplie-t-elle. Jésus lui dit : « Marie » ; elle reconnaît la Voix de l’Epoux et s’écrie « Rabbouni » (Jean 20 : 15) |
Ce jeu de cache-cache amoureux rappelle le cantique des cantiques :
Cantique 2:10 " Mon bien-aimé parle et me dit: Lève-toi, mon amie, ma belle, et va vers toi-même ! » |
« Fuis mon bien-aimé, sois semblable vers toi-même, (pour toi-même), vers la beauté, vers les poussières étincelantes des cerfs bondissant au dessus des montagnes dans les cieux. » Cantique 8 : 14 |
Celui qui pleure son erreur en descendant vers sa source, alors celle-ci s’ouvre et délivre les « cieux nouveaux, terres nouvelles. »
Les lettres du mot « larme » Dimah
hvmd
forment en se retournant le mot HéOmed dmvh :
la verticalisation.
Contrairement aux apparences, les larmes ne sont pas le signe d’une faiblesse,
mais bien au contraire d’une grandeur spirituelle, celle de Marie la Grande,
l'épouse du Messie. Le don des larmes est vision béatifique.
Psaumes 34:18 (34-19) L’Eternel est près de ceux qui ont le coeur brisé, Et il sauve ceux qui ont l’esprit dans l’abattement. Psaumes 39:5 (39-6) Voici, tu as donné à mes jours la largeur de la main, Et ma vie est comme un rien devant toi. Oui, tout homme debout n’est qu’un souffle. -Pause. |
Les évangiles confrontent
la suffisance des certitudes des autorités écclésiales
et politiques
(personnages de Pierre et de Juda, et des 12 apôtres)
au mystère des épousailles messianiques qui sont l'Alpha et
l'Omega de la vie spirituelle juive et chrétienne.
Toujours cette suffisance dans la rigueur politique
et religieuse fera le malheur du peuple d'Israël et des églises,
et toujours la béatitude des saints dans la vie mystique sera source
de résurrection messianique.
C’est une éternelle confrontation entre la Babylone de notre exil et la Jérusalem qui vient.
Ce mystère est signifié par la relation
amoureuse entre Jésus et Marie de Magdala.
Il ne s'agit pas d'opposer la nécessaire rigueur de la réponse
politique et religieuse du peuple de D.ieu en ce monde,
à la béatitude mystique. L’évangile propose de toujours
orienter et baigner cette nécessaire réponse structurelle mondaine
dans l’éternel questionnement introspectif de l’Humain tourné
en la perspective messianique.
La plénitude de la vie spirituelle est
dans l’éternel mystère de l'Amour divin .... gratuit !
Marie-Madeleine, chantée par Dalida en 1983
parole et musique de G.Sinoue/J.Barnel
Un homme s'est levé à l'est
du soleil Les cloches des églises réveillent
les étoiles Marie Madeleine lève-toi Un homme s'est levé et soudain dans
la nuit |
Déjà
sur son passage New-York et Betléhem Ne sont plus qu'un village le jourdain c'est la seine Personne n'y croyait plus à l'homme de Nazareth Le voici revenu reprendre sa planète Marie Madeleine lève-toi Marie Madeleine réveille-toi Marie Madeleine il est là |
Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus nous parle de Marie-Madeleine.
http://www.chemindemarie.com/indexicon.htm