Toi, mon infinitude (Jacques Salomé)
Les lettres zaïn z, Het x, et Tet X

« Et ce goût du bonheur qui soudain m’émerveille chante si fort la vie que soudain je m’éveille. » Jacques Salomé

Ces trois lettres ont en commun d’être celles qui séparent et rejoignent dans l’alphabet les trois lettres du Tétragramme, les lettres y w h, qui est appelé le « Yaho »

Nom

 

Symbole

hébreu

 

h

Souffle

' h

5

Vav

w

Piquet

w w

6

Zaïn

z

Flèche, l’épée, le couteau

¤ y z

7

Het

x

L’âtre, les vivants

t y x

8

Tet

X

Serpent, bouclier, Bien

t y X

9

Yod

y

Main

d w y

10

Somme

45

 

Quatre remarques :

1)      présence de la lettre Yod y au cœur des mots Zaïn ¤yz, Het tyx, Tet tyX.

2)      Réapparition du Vav w au cœur du mot Yod dwy

3)       La somme des nombres des lettres de Hé h à Yod y est égale à 45, valeur du nom Adam £d' et du Mah ?(Quoi ?) hm ? D’autant plus remarquable que la somme des quatre premières lettres Aleph (1), Beit (2), Guimel (3), Dalet (4) = 10 = Yod. Entre les mots Dalet tld et Yod dwy la lettre Dalet est passée d’une position de préfixe à une position de suffixe du mot.

4)      La somme des lettres de Hé à Het = 26, la somme des lettres Yod + Tet + Zaïn = 26, qui est le nombre du Tétragramme

La déchirure ?

« Il faut parfois se déchirer à nouveau pour ne pas se briser tout à fait dans un sursaut de vie »
J. Salomé

La déchirure introduite dans la relation verticale féconde entre l’immanence et la transcendance symbolisée par la lettre Vav w, passe par la relation de réciprocité dont le signe par excellence est le suffixe ty . Cette déchirure dans la relation verticale entre l’immanence et la transcendance se révèle dans les trois  lettres :

z Zain : qui est l’épée qui tranche

x Het uniquement ouverte vers le bas

X Tet uniquement ouverte vers le haut.

 

Des ténèbres à la Lumière ?

« nous nous perdons, et nous rencontrons le plus souvent aux portes closes de nos inconscients et là commence un abîme rouge et noir nous n’osons plus croire que le chemin du cosmos pour un envol libre et fou passe par là. » J. Salomé

La lettre Het x apparaît trois fois dans le verset deux du livre de la Genèse :

ûhbw ûht htyh ¦r'hw

« La terre était tohu et bohu

:£ymh ynp-lv tpxrm £yhl' xûrw £ôht ynp-lv ªHxw

et ténèbres au dessus des faces de l’abîme, Rouah Elohim couvait au dessus de la face des eaux ».

 

Remarque : La lettre Het x à valeur de 8. Or la lettre Vav w qui apparaît dans l’architecture des Six jours de la Genèse rattaché à ce verset y est écrite 8 fois. La lettre x passe d’une position de préfixe dans le mot « hosher », ¢Sx (ténèbres), à une position de suffixe dans le mort « Rouah » xwr (souffle) et finalement apparaît au cœur du verbe «merahephet », tpxrm (couver).

Dans le mot « couver » tpxrm la lettre Het x est elle-même « couvée » au sein d’une double enveloppe signifiée d’une part par les lettres Resh r et Pé p qui indiquent ensemble l’idée de guérison pr  (Raf, d’où l’archange Raphaël qui guérit) par la parole p dans le dialogue interpersonnel r. Cette enveloppe est cachée sous une autre enveloppe signifiée par les lettres tm, qui indiquent ensemble l’idée de mort-résurrection, du signe à l’esprit du signe qui en ait sa réalité. Ainsi le regard sur les ténèbres devient en cette couvaison regard  sur les eaux.

L’expression Rouah Elohim £yhl' xûr est connue pour sa valeur :

200 + 6 + 8 + 1 + 30 + 5 + 10 + 40 = 300 qui est celle de la lettre Shin S.

En quoi la lettre Shin est elle expression de l’esprit d’Elohim ?

« le Shin avec trois têtes fait référence aux patriarches Abraham, Isaac, Jacob, alors que le Shin à quatre têtes fait référence aux matriarches : Sarah, Rébécca, Rachel et Léa » (Ora’h H’ayim).

Le Shin à quatre branches est inscrit sur le Téfilin de la tête.

 

« Prenons le mot « shores » SrS  signifiant « racine ». La lettre Shin ressemble aux racines d’un arbre. Reish est courbé, comme l’est la racine d’un arbre, et quelle est la fonction du Shin final ? Cela signifie que vous prenez une branche et que vous la plantez, elle prendra racine. » Sepher HaBahir

 

La lettre Shin rend compte de l’expérience de l’Alliance du peuple d’Israël en son D.ieu, sa Tradition.

 

Gen 5  2  Mâlerkz  et femelle hbqn, il les créa, il les bénit, et il les appela du nom d’Adam dans le jour de leur création. 3  Adam, âgé de cent trente ans, engendra un fils à sa ressemblance, selon son image, et il lui donna le nom de Seth tS

 

Le fils de Seth s’appelle Enosh, Swn' c’est alors que l’on a invoqué le nom de D.ieu.

C’est la première fois qu’un personnage biblique appelle son enfant « Fils », et qu’il lui donne un nom £S. Le principe de cet acte de nommer, est associé à celui d’invoquer le nom de D.ieu. (hwhy)

Le Nom £S est un signe symbolique qui suggère la réalité de l’Etre, sans jamais la saisir entièrement. Le Nom n’est pas l’Etre. Shem, le Nom peut se lire Sham « Là-bas », le Nom est le signe qui renvoi à un lieu, ou un être qui lui est relatif, qui lui est cependant distant. Shem, le Nom  implique une distance entre la réalité signifiée et le signe. Confondre, le signe de l’Etre, et la réalité de l’Etre, est le péché d’idolâtrie, péché qui est signifié par l’épisode du Veau d’Or. Le signifiant est en soi une lettre morte, mais qui rend compte de l’expérience traditionnelle des générations du peuple d’Israël et donc qui cache l’esprit de ce peuple, afin qu’il puisse se révéler dans les générations futures.

 

Rava

Les imbéciles se lèvent devant les rouleaux de la Tora, mais non devant

les sages. ( Macot : 22.2 )

 

Triangle sacré d’Isis ?

« tu restes mon horizon au point de fuite de mes regards » J. Salomé

Cette nécessaire relation entre le signifiant et le signifié du Nom est symbolisé par le triangle sacré d’Isis qui fut universalisé et démontré plus tard par le mathématicien grec Pythagore. Il rend compte d’un nombre 345 appelé le nombre nuptial.

Hashem  £Sh  = 345 = Moshé hSm = El Shadaï ydS l'

Les égyptiens utilisaient une corde à nœuds pour construire les pyramides. D’une longueur légèrement supérieure à 6 mètres, elle était divisée en 12 segments égaux par des nœuds. Chaque segment mesurait une coudée (distance entre le coude, et l’extrémité du majeur, environ 50 cm). Cette corde permet de déterminer l’angle droit à partir d’un triangle de côté 3 et 4 et donc mesurant 5 à l’hypothénuse.

3 symbolise l’aspect Mâle (Osiris), 4 symbolise l’aspect femelle (Isis), et donc 5 qui symbolise le fils engendré pare l’Esprit, Horus qui donne la juste proportion d’équerre entre l’horizontalité de la Terre (féminin), et la verticalité des Cieux (masculin).

L’architecture du temple, et l’architecture du texte sacré est construite sur le principe de cette science mathématique symbolique.

3 + 4 = 7, 3 x 4 = 12, 3 + 4 + 5 = 12, 32+ 42 + 52 = 50,  33 + 43 + 53 = 63

 

Le Souffle d’Elohim ?

« Quand mon souffle recréé le tien pour mêler les songes et ouvrir ainsi à une naissance » J. Salomé

Le Rouah Elohim, est l’esprit qui « couve » en un face à face au-dessus de la Ténèbre ¢Sx. Cette ténèbre est la trace inscrite de l’Alliance de l’esprit du peuple d’Israël en son peuple. Cette trace est ainsi reçue en tant que réponse traditionnelle, identité du peuple d’Israël, mais elle est alors ténèbre. L’esprit du peuple Rouah Elohim « couve » quand la réponse devient questionnement identitaire en un face à face sur les eaux : £ym « les Qui ? » C’est dans cette couvaison en cette obscurité identitaire que la Lumière se révèlera :  

 

:rô'-yhyw rô' yhy £yhl' rm'yw

   Et il dit Elohim que la Lumière soit et la Lumière fut.

:ªHxh ¤ybû rô'h ¤yb £yhl' ldbyw bôX-yk rô'h-t' £yhl' 'ryw

Et D.ieu vit que la Lumière est bonne, D.ieu sépara d’entre la lumière d’entre les ténébres.

 

La lettre Tet X apparaît deux versets plus loin Ki Tov bwX yk. Annick de Souzenelle traduit ce verset :

« D.ieu vit car BON. »

yk c’est la prise dans la paume de la main k, du mystère du Yod y, du Saint-Nom hwhy, c’est le couronnement secret de l’Etre qui se révèle dans l’humain.

Henry Normand explique dans son livre « L’arbre de la terre au Ciel » que dans le mot « créer » , bara, 'rb, la lettre Beit b signifie le Fils, Ben ¤b, la lettre Reish r signifie le Rouah xwr et la lettre Aleph ' signifie le Père Abba 'b'.

« Et il vit », vayré, 'ryw suggère donc l’idée que le Père ' se révèle en l’Esprit r du Saint Nom y  évoqué dans la relation verticale à la transcendance w.

La Lumière est ainsi signifiée par le Fils qui révèle le mystère du D.ieu UN BON et dégage ainsi le signifiant (ténèbre) du signifié (Lumière).

 

Nous retrouvons ici le prologue de l’évangile de st Jean :

1   Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu.

2  Il était au commencement auprès de Dieu.

3  Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut.

4  Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes,

5  et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie.

6  Il y eut un homme envoyé de Dieu; son nom était Jean.

7  Il vint pour témoigner, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui.

8  Celui-là n’était pas la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière.

9  Il était la lumière véritable, qui éclaire tout homme, venant dans le monde.

10  Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu.

11  Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli.

 

« Pourquoi les mains sont-elles levées de cette manière quand elles bénissent ? C’est parce que les mains ont dix doigts en référence aux dix séphirot par lesquelles le ciel et la terre ont été scellés. En parallèle : dix commandements. Dans ces dix sont inclus les 613 préceptes. Si vous comptez les lettres dans les 10 commandements, vous constaterez qu’il y a 613 lettres. Elles contiennent chacune des 22 lettres, excepté Teit qui est absente. Quel en est la raison ? Cela nous enseigne que Teit X est le ventre et qu’il n’est pas inclus parmi les Séphirot. » Sepher HaBahir § 124

Distinguer, séparer ?

« dis moi qui tu es, dit le désir. Je suis la porte ouverte à l’arc en ciel des possibles » J. Salomé

 

:ªHxh ¤ybû rô'h ¤yb £yhl' ldbyw bôX-yk rô'h-t' £yhl' 'ryw

« Et D.ieu vit que la Lumière est bonne, D.ieu sépara d’entre la lumière d’entre les ténèbres. »

 

Le verbe « séparer » badal ldb fait apparaître pour la première fois dans la Torah la lettre Dalet d, au cœur des lettres Lamed l et Beit b.

 

L’affirmation du « Voir » impose de circoncire le « Voir » dans une limite qui rappelle que ce qui est vu n’est pas la réalité de l’Etre mais que l’Etre demeure en soi invisible. Le symbole de ce paradoxe de la vision dont l’excellence est que l’essentiel de cette vision demeure la source invisible de toute révélation à venir, est dans le Yod qui est présence enfouie au cœur du Fils ¤b dans le mot ¤yb qui signifie « d’entre ». L’acte de distinction revient donc à un retour du visible de l’Etre, à sa réalité invisible qui en est sa Source. Ceci est signifié par la lettre Dalet qui symbolise « la pauvreté ». Le Dalet d est la lettre h moins le Waw qui en ait la lumière rw'.

 

« ce que je viens de dire est un symbole pour l’unification sacrée. Le second Hé du Nom sacré est la lumière noire ou bleue qui est attachée au Yod, puis au Vav, qui est le blanc brillant de la lumière. Parfois cette lumière bleue n’est pas Hé, mais Dalet ; c’est-à-dire lorsqu’Israël n’adhère pas à elle en bas pour l’allumer et l’attacher à la lumière blanche, c’est Dalet, mais quand il lui donne l’impulsion pour s’attacher à la Lumière blanche, c’est Hé. Partout où le mâle et la femelle ne sont pas unis, le Hé est éliminé et seul demeure Dalet. » Sepher HaZohar 1 : 51a

 

« Et il sépara d’entre la lumière, d’entre les ténèbres », est la signification d’une mise au tombeau de la Lumière vivante en tant que témoignage du Fils de D.ieu en vue de la résurrection messianique.

 

La lettre Dalet apparaît au cœur des lettres Lamed et Beit qui totalisent 2 + 30 = 32. Le Dalet est au cœur des 32 sentiers de la Sagesse.

 

Les 32 sentiers de la Sagesse ?

« Si tu avais su le merveilleux en toi pour créer l’impossible en moi » J. Salomé

Les 32 sentiers de la Sagesse sont une allusion aux 32 répétitions du nom Elohim dans le premier chapitre du livre de la Genèse. Ce premier chapitre contient les 7 jours de la création. Les commentateurs s’appuient sur les 10 « dire » d’Elohim £yhl' rm'yw (vayomer Elohim) pour affirmer que le monde a été créé en 10 paroles. Il reste 22 actes, on s’aperçoit alors qu’il en ressort une structure:

1        l’expression « D.ieu cria » £yhl' 'rqyw (vayqara Elohim) revient 3 fois et fait allusion aux trois lettres mères S m '

2        l’expression « D.ieu vit » £yhl' 'ryw (vayra Elohim) apparaît 7 fois et fait allusion aux lettres doubles t r p k d g b

3        les 12 actes divers d’Elohim symbolisent les 12 lettres simples q c v s n l y X x z w h

voir tableau architecture des six jours de la Création

Le souffle du Cœur ?

« J’ai appris de toi, l’absolu du présent, l’intensité du désir, le précieux des souvenirs et l’infinie douceur de l’attente. » J. Salomé

Beit est la première lettre de Beriah « création » h'yrb. Mais Beit n’est que la deuxième lettre de l’alphabet, le Aleph, la première lettre, est silencieuse, non duelle, indicible, et ne peut en soi donner l’élan de la création. Beriah est le deuxième monde de la kabbale, de ce monde, le troisième Yetsirah tire sa force. Dans beriah, le Yod, première lettre du Tétragramme hwhy du monde Atsilouth (émanation) se transforme en Hé h. C’est par cette lettre que D.ieu créé le monde. Sa valeur 5 est attaché à la forme du pentagramme. Cette étoile à 5 sommets symbolise le microcosme : l’être face à la création, l’unité des 4 éléments plus le Un d’harmonie et de synthèse.

Le développement du 2 de la lettre Beit par le 5 donne les nombres 2 x 5 = 10 et 2 ^ 5 = 32.

Les 5 livres de la torah commencent par la lettre Beit b du mot bereshit tyS'rb pour finir par la lettre Lamed  l du mot Israël l'rSy. Ainsi la Torah est enclose dans le nombre 32 l,b. Il enseigne que la Torah est un texte reçu selon un flux allant de Beit à Lamed. Ce flux forme la racine Bal lb, dont le sens est abondance et fertilité de l’acteur créateur.

Mais cette racine peut insinuer Belo « ne pas » l’interdit, la rigueur de la Loi cherchant à structurer les forces et qui dit : « Ne fait pas cela ».

Beit-Lamed montre la structure rigoureuse permettant à l’univers de se développer du monde d’Atsilouth au monde Assiah. Pour cela le créateur doit imposer des limites à l’expansion de son flux, limites que nous retrouvons en tant que garde-fou dans le monde humains sous forme des lois morales.

 

Le retour et la reconstruction de l’être d’Assiah à Atsilout se produit par l’inversion du flux de lecture, de Lamed vers Beit. Lamed-Beit forment le mot Lev bl, le cœur. Par les 32 sentiers du cœur, nous allons reconstruire l’intelligence et la raison, remarquons que Binah (hnyb) l’Intelligence, veut dire « édification » et vient de la racine Ben ¤b « fils ».

 

La rigueur du « séparer » ldb qui à partir de la Lumière révélé h, conduit à la pauvreté reconstruit l’intelligence et la raison d’entre ¤yb la lumière, d’entre ¤yb les ténèbres afin de la préparer à la générosité du Cœur.

Ce passage est symbolisé par le chapitre 32 du livre de la Genèse, où Jacob traverse le fleuve du Yaboc. Il traverse son propre nom, il inverse le cours de son existence à l’intérieur de lui-même.

 Le changement de Nom implique un changement d’état, Jacob bqwy devient Israël l'rSy, Les abréviations finales (soféi téivos) des noms Yacob et Israël forment la racine Lamed Beit bl, Lev, le Cœur. Dans le combat avec l’ange Yacob atteint sa générosité qui lui donnera de pouvoir éveiller la générosité de son frère adversaire Esaü.

Le Nom d’Israël est expliqué : « Tu as lutté avec D.ieu et avec des hommes et tu as été vainqueur » Gen 32 : 27 … « tu as lutté avec la rigueur du BaL lb, le commandement de D.ieu, et tu as vaincu par le LeB bl, le cœur, la cohésion de tes forces internes qui sont les 32 sentiers de la Sagesse.

 

Ce passage de la Genèse montre un face à face, un nom face à l’autre, une rive face à l’autre, un homme face à D.ieu, c’est pourquoi Yacob appelle le lieu « Peniel » l'ynp « face à D.ieu » (Gen 32 : 30) C’est aussi le face à face en la Torah, du Beit et du Lamed, du premier et du dernier, du mouvement en soi et du mouvement vers l’autre.

 

Le cœur de la Torah ?

« L’ensolitude est un grand cercle, avec ce vide immmobile où je ne te rejoins pas car je me cherche encore. » J. Salomé

Ce qui est essentiel est invisible aux yeux,
c'est seulement avec le coeur qu'on peut voir correctement.
"Le Petit Prince", Antoine de SAINT-EXUPERY

 

Si nous comptons le nombre de mots dans la Torah, nous trouvons au centre du texte deux mots au chapitre 10 verset 16 du Lévitique : « DaRaS DaRaS » Srd Srd dans l’expression hSm Srd Srd t'Xxh ryvS t'w « Moïse a interprété, il a interprété le bouc du péché».DaRaS est le troisième niveau de lecture de la Torah. Il s’agit de l’interprétation figurée, du double sens. Il s’agit donc au cœur de la Torah d’une articulation du texte, d’un face à face interprétatif autour d’un centre qui est vide signifié par l’espace entre les deux DaRaS.

Srd

vide

Srd

 

 La première lettre de l’alphabet Aleph est un silence et le cœur de la Torah est un vide. Pour réussir la traverser d’une rive à l’autre, de la rigueur à la générosité il faut passer par le silence du cœur et le vide de toute représentation.


« J'ai toujours grandi entre les sages. Je n'ai rien trouvé de mieux que le silence. » Pirke avot

La porte étroite de ce passage de ce passage silencieux est signifiée par la lettre Qof q projection dans l’espace du silence du Aleph dont le rôle est d’appeler au retour de tout ce qui se révèle de la relation verticale transcendante vers le silence. Le Qouf ¥wq est le chas de l’aiguille.

Matthieu 19:24  Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.

Passer par cette porte étroite de dépouillement permet d’entrer au cœur des 32 chemins de la sagesse l,b pour recevoir (qibel lbq) pour lequel Moïse reçut la Torah et qui est à l’origine du mot Kabbalah (hlbq)

9 Dieu dit: "Que les eaux qui sont sous le ciel se rassemble vers un lieu Un et qu’apparaisse le continent" et il en fut ainsi.

¤k-yhyw hSbyh h'rtw dx' £wqm-l' £ymSh txtm £ymh wwqy £yhl' rm'yw

 

Le passage du fleuve en silence et dans le vide sur l’autre rive du Shin S en tant que la dernière lettre du mot DaRaS Srd  vers le Dalet d en tant que première lettre est signifié par la lettre Qof q.

Qof rassemble les forces vives en El MaQom Ehad  dx' £wqm-l' Vers un Lieu Un.

Les abréviations initiales 'm' « Ama », Mère, et finales dml « Lamed », Enseigner suggère que c’est en la Séphirah Binah, dite la Mère, l’Intelligence que se rassemblent les forces pour recevoir la force créative. C’est en son sein dS (ShaD) nourricier que le Saint « Qadoch » Sdq vient se nourrir, en se confrontant au revers Sd (DaSh, qui signifie, revers, piétiner, fouler, ou se battre). C’est le combat de Jacob contre l’ange (Gen 32).

La phrase « Darosh, darash Moshé » devient en l’inversant « Hashem sarad sarad » (drS drS £Sh) qui signifie « Le Nom officie, il officie » C’est le Saint Nom qui est le sujet du rituel, de l’office, de la cérémonie, de la mémoire du peuple d’Israël.

Le ventre de la Torah ?

« entre l’eau du ciel et la soif de la terre tu sais dire mon corps » Jacques Salomé

Le milieu des lettres de la Torah est aussi a considéré. La Torah compte 304805 lettres, et la lettre centrale est un Vav dans le mot Gahon ¤wxg « ventre » (Lévitique 11 42)

« Vous ne mangerez point, parmi tous les reptiles qui rampent sur la terre, de tous ceux qui se traînent sur le ventre, ni de tous ceux qui marchent sur quatre pieds ou sur un grand nombre de pieds; car vous les aurez en abomination. »

Ce terme apparaît à propos de la malédiction du serpent.

Genèse 3:14  L’Eternel Dieu dit au serpent: Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs, tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie.

Le Vav est la troisième du Tétragramme, c’est le crochet, le lien, la conjonction de coordination, qui permet de relier les deux rives, deux choses et deux êtres.

L’horizontalité du SIX est exprimé par la somme des six premiers nombres = 36. wl « vers Lui »

La somme des 36 premiers nombres = 666 qui dans le livre de l’Apocalypse est le Nombre de l’Homme, le Nombre de la Bête.

El Shaddaï ?

« Je reste à la dérive de ton insatisfaction, foudre-écho de tes orages » J. Salomé

ydS est donc « mon sein », il a comme valeur 314. C’est la valeur d’une circonférence de diamètre 100 (q)

£kSdqm hwhy yn' l'rvy ynb ¢wtb ytSdqnw ySdq £S-t' wllxt 'lw Leviticus 22:32

Lévitique 22:32  Vous ne profanerez point mon saint nom, afin que je sois sanctifié au milieu des enfants d’Israël. Je suis l’Eternel, qui vous sanctifie,

 ydS l' est le D.ieu nourricier, le D.ieu des forces fécondes de la nature. Il a la valeur de 345 qui est celle de Moshé et de Hashem. Elle est celle siphra hrps  « la sphère » « le chiffre », le chiffre est au nombre, ce que la lettre est à l’esprit de la lettre.

 

yd daï signifie « Cela suffit »

La théorie kabbalistique n’est pas que D.ieu s’exprime à l’extérieur de Lui-même, mais que D.ieu se retire « de lui-même » en « lui-même » et par cet acte donna au vide une place en son sein, créant ainsi une place pour le monde à venir. D.ieu ne peut se manifester que parce qu’il se retire. Le septième jour, D.ieu se retire se repose de l’œuvre qu’il a faite. L’espace du monde est un espace vide de D.ieu, un espace athé, a théologique.

« Cela suffit » est une force venant du vide lui-même répétant inlassablement « Cela suffit, ne revient pas ! »

 

Mais comment se manifeste cette suffisance dans la réalité ?

Gen 3 : 1   Le serpent était le plus rusé (nu) de tous les animaux des champs, que l’Eternel Dieu avait faits. Il dit à la femme: Dieu a-t-il réellement dit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin?

 

Narash, le serpent Sxn = 358 = xymS le Messie.

La lettre Het x se cache au cœur du serpent qui mue Sn. xn  est le repos, c’est Noé, l’ivresse de Noé. La nudité de Noé vu par son fils Cham £x sera la cause de  malédiction. Toute rencontre interpersonnelle est révélation donc dénuement de ce qui était caché.

Le terme « nudité » £wrv qui est construit sur la racine rv qui signifie « adversaire, veilleur » suggère une idée de connaissance de la fin de ce qui réunit et distingue deux êtres, donc de ruse pour atteindre à cette fin connu. Alors que dans le verset précédent « ils étaient deux nus » suggère une différence de point de vue sur la fin, s’agissant du serpent, il est seul est une plénitude globalisante de certitude de ses fins :  hSdh tyx lkm  « micol haïat hadashé » (de tous les vivants des champs)

Cette suffisante exprimée dans son paroxyme et signifié par le serpent devra être l’objet de la lutte du couple adamique.

Ainsi dans cette lutte Adam puisera la force qui le rendra capable de rassembler les énergies des vivants du champ hdSh en le Saint Nom hwhy s’exprimant dans le Verbe fait chair, la parole amoureuse, et nourricière : ydS.

 

C’est en se confrontant aux conditions existentielles de vie, dans la lutte Sd pour le salut que le sein  nourricier d’El Shadaï se révèle. La lettre significative de ce combat est Zaïn z dont le symbole est l’épée, qui empêche le retour de D.ieu afin que l’humain demeure vivant, en devenir :

 

Gen 3 : 24  C’est ainsi qu’il chassa Adam; et il mit à l’orient du jardin d’Eden les chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l’arbre de vie.

 

 

Pi p  ?

« Je te dirai toi, telle une soie d’orient miracle échappée à l’exode du temps. » J. Salomé

La lettre grecque Pi est l’équivalente de la lettre hébraïque Pé p de valeur 80 qui correspond à la lettre Het x de valeur 8 dans les unités. Le graphie de la lettre Pi p ressemble à celui de la lettre Het x.

Le nombre Pi est un nombre irrationnel infini, qui calcule le rapport d’une circonférence à son diamère.

Il est égal de manière simplifié à 3,14.

Or 3, 14 = 22/7 c’est-à-dire le nombre de lettres de l’alphabet divisé par le chiffre qui symbolise le « temps ».

La relation de l’alphabet/ temps = Parole. La parole est le moyen d’expression de l’être humain qui s’affirme en tant qu’autre de D.ieu, en tant qu’il est libre de son propre devenir.

Par la parole s’affirme la fraternité entre les humains, (ah’ x' est le frère) et l’Unité entre les humains dont le principe est la transcendance de D.ieu dx'.

Le nombre p est le rapport moyen entre la longueur des méandres d’un fleuve et la distance droite qui sépare la source de l’embouchure de ce fleuve.

p = rapport entre le chaos / le cosmos, entre le hasard/ nécessité. Il symbolise l’espace où s’exprime le déploiement des êtres vivants.

Genèse 1:25  Dieu fit les animaux de la terre.

tyx haït sont les animaux vivants.

La question du nom se pose pour l’humain qui en nommant les animaux, les humanisent en quelque sorte mais comment pourra t’il nommer l’humain lui-même ?

 

Genèse 2:20  Et l’Adam donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs; mais, pour l’homme, il ne trouva point d’aide.

 

L’épée, Zaïn z ?

« Avec toi vraiment cheminer par de si longues routes détournées du temps avec toi, toujours se partager pour s’agrandir avec toi, certainement écarter les souffrances et de renaissance en renaissance avec toi parfois sans toi à te chercher encore. » J. Salomé

Cette lettre apparaît pour la première fois dans le verset Gen 1 : 11

 

« Dieu dit: "Que la terre verdisse de verdure: des herbes portant semence et des arbres fruitiers donnant sur la terre selon leur espèce des fruits contenant leur semence et il en fut ainsi. »

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:¤k-yhyw ¦r'h-lv ôb-ôvrz rœH' ônyml yrp hWv yrp ¦v

La lettre Zaïn a comme valeur numérique 7, qui est le nombre par excellence du temps. 7 est l’expression affirmée de l’unicité mystérieuse du 6. Il est le centre de l’hexagone, le centre de l’étoile à 6 branches.

Le nombre 6 comme le nombre 28,  est un des rares nombres parfaits.

6 est divisible par 1, 2, 3 et 1 + 2 + 3 = 1x2x3 = 6

28 est divisible par 1, 2, 4, 7, 14 ;  1 + 2 + 4 + 7 + 14 = 28

Il est connu que « Bereschit » tyS'rb peut être traduit « il créa Six » . Mais la perfection de la création, cache et révèle le Parfait mystérieux qui pourrait être défini comme un « Parfaire » donc un dynamisme qui tend vers un éternel plus que parfait. Ce dynamisme est exprimé par le 7. La Création cache et révèle en son sein ce Verbe, telle que Mère. Et le rôle du Père est coupé le cordon ombilical qui relie la Mère à l’enfant, afin que le Fils puisse aller vers Lui-même au-delà de la beauté de la Mère.

 

Dans ce verset le zaïn est relié Aïn de valeur 70. L’épée, la flèche permet la distanciation nécessaire pour voir et être vu. Le regard est semence qui cache et révèle l’arbre en devenir.

Le regard est source d’eau vive, mais il peut aussi être poison mortel.

 

 

Genèse 21:16  et alla s’asseoir vis-à-vis, à une portée d’arc hxX ; car elle disait: Que je ne voie pas mourir mon enfant! Elle s’assit donc vis-à-vis de lui, éleva la voix et pleura.

 

Genèse 4:7  Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi: mais toi, domine sur lui.

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La portée d’arc que la mère maintient avec son enfant en implorant l’Eternel sauve l’enfant. La lettre X est en préfixe dans le mot hxX C’est en maintenant la distance que le Bon se révèle.

Le péché t'Xx est le nom donné au serpent parmi les vivants tyx Le bon qui ne est représenté par l’initial du Saint-Nom y est ici représenté par 'x

Pour avoir la vie éternel, il ne faut pas confondre ce qui est le signe du Bon, avec le Bon lui-même qui est caché dans le monde à venir.

 

C’est ce qu’exprime l’évangile dans l’épisode du jeune homme riche.

 Marc 10:18  Jésus lui dit: Pourquoi m’appelles-tu bon? Il n’y a de bon que Dieu seul.

 

Paradoxe de la révélation ?

La spécificité de la foi du peuple d’Israël n’est pas dans la fidélité en un D.ieu défini et reconnu comme le véritable D.ieu envers et contre d’autres définitions de D.ieu, mais dans la foi en un D.ieu indéfini.

Cette indéfinition est la source même de la révélation.

Toute définition de D.ieu, toute théologie est donc fondamentalement trahison. L’Ecriture témoigne de l’histoire de la crise de foi, l’histoire de cette trahison du peuple d’Israël. Paradoxalement la trahison, la chute est signifiée comme le moyen l’identité du peuple d’Israël s’affirme en son retour vers la foi véritable. De même l’évangile témoigne de l’histoire des apôtres qui trahissent celui qui témoigne du Messianisme du peuple d’Israël, en refusant de se faire identifié en tant que le Messie. Juda et les apôtres en identifiant Jésus comme le Messie, le trahiront au yeux du monde. Et par le même paradoxe, ainsi s’affirmera l’identité du peuple chrétien autour de Jésus défini comme Christ. C’est en reconnaissant les marques de la trahison sur le corps de Jésus que Thomas croit en Jésus-Christ, mais la béatitude n’est pas de croire en Jésus-Christ que l’on voit mais de croire en Jésus-Christ indicible, insaisissable, afin qu’Il vienne. La résurrection n’est pas dans la foi en un Messie défini visible, mais en Messie invisible, indéfini.

 

Bibliographie

Kabbale extatique Georges Lahy

Toi mon infinitude Jacques Salomé

Tsimtsoum introduction à la méditation hébraïque M.A. Ouaknin

Les mystères des chiffres M. A. Ouaknin

La lettre hébraïque et ses secrets Pin’has Pachter

Dans le silence de l’Aleph Claude Vigée