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 La lettre Taw, le signe

Le signe et l’histoire des hommes

L’histoire de l’humanité semble intimement reliée à l’histoire de l’écrit. Tous les bouleversements concernant l’écriture ont entraîné dans son sillage un bouleversement dans l’histoire des hommes :

Marc Alain Ouaknin fait remarqué dans son livre « les mystères de l’alphabet » les coïncidences entre les datations bibliques et l’histoire de l’écriture ! Le temps et le lieu de naissance d’Adam coïncideraient avec les prémisses de l’écriture sumériennes (- 5764) et la découverte du premier alphabet protosinaïtique avec la sortie d’Egypte et la révélation des tables de la Loi.

La terre de Canaan au croisement de trois continents, fut le lieu de rencontre incontournable des tribus sémites, voyageurs infatigables. Je peux m’imaginer que ce peuple de nomades devait se poser  dans la rencontre le problème existentiel du langage, nécessaire à l’établissement de tout contrat, depuis le simple contrat commercial, jusqu’à celui du mariage. Ce peuple fut celui qui développa la spiritualité dont la finalité libératrice de l’être humain était de devenir lumière au milieu des nations, être capable de relations pacifiques et fécondes entre les humains.

Tout traité devait être signifié par un signe, un échange de signes.

L’alphabet est composé de 22 lettres, plus 6 finales, dont la dernière est la première Aleph.

Parmi les 22 lettres de l’alephbeit Taw t la 22ème est la lettre qui symbolise le Signe. L’ensemble des lettres s’appellent Autiot twytw' du pluriel de aut tw' : signe.

Les autiot

La lettre s’appelle « aut » tw' au singulier  twytw' au pluriel.
Plus précisément son sens premiers est « signe » « marque » « symbole » puis preuve, prodige.
Il s’agit d’un moyen de connaissance au-delà des mots et de l’analyse, d’une réception de forces essentielles sont ensuite associées à des formes symboliques.
Les autiot portent la lumière de l’infini (Ein Sof) et la densifie en la diversifiant par étapes à travers les Séfirot passant ainsi de l’inconnaissable au connu, puis de la pensée à la parole, et de la parole à l’encre et à la gravure.

La racine hébraïque de « aut » tw' est liée à la racine « avah » hw' qui veut aussi dire « marquer », « désigner », mais aussi signifier « courber, ployer », « incliner ». Ce sens est commun à « àut » twv  où le Aïn v remplace le Aleph '. Ceci symbolise le passage de la lumière « aor » rw' du monde de Atzilout twlyc' (émanation) à la peau « àor » rwv du monde de Assiah hySv (action).

L’unicité que symbolise le Aleph ' (1) est mise en apparence, apparence que symbolise le Aïn v, « les yeux » (70) .
Ceci montre que l’apparence visuelle cache dans le secret Sod = 60+6+4 = 70 l’unicité du Aleph comme en une peau
rwv.  

La kabbale est la réception de la Lumière de l’infinie hlbq = 100 + 2 + 30 + 5 = 137

Aor Lumière de l’inifie = 207 à Secret = 70 à Kabbale = 137

Le secret « Sod » = 70 est  la venue de la lumière de l’infini Aor = 1 + 6 + 200 = 207 depuis sa source infinie jusqu’à sa possibilité d’être reçue.
Au cœur de la kabbale
hlbq le renversement des lettres Beit b et Lamed l forment le mort Lev : Cœur bl.
bl = 30 + 2 = 32
L’intelligence du cœur, symboliquement signifié par les 32 voies de la Sagesse permet par la kabbale de remonter jusqu’au secret de la lettre et du mot et donc au mot et à la lettre de resplendir dans la plénitude de la réception de la lumière infinie descendue dans le secret du mot et de la lettre.

Ainsi la Kabbale enseigne que les lettres de l’alphabet furent créés en premier. Ensuite à l’aide de ces lettres, D.ieu créa l’univers. C’est la signification secrète du premier verset de la Genèse :
t' £yhl' 'rb tyS'rb  « au commencement D.ieu créa t' » c’est-à-dire qu’il créa les lettres Aleph à Taw.

Le Sepher Yesirah (livre de la formation) décrit la formation du livre à partir des 22 lettres fondamentales « il les plaça dans un cercle tel un mur ayant 213 portes. Le cercle oscille de l’avant vers l’arrière. Un signe explique cela rien n’est supérieur dans le bien que la joie, rien n’est inférieur dans le mal que la peste. Comment ? Il les permuta, les pesa, les transforma. Alef avec toutes les lettres et toutes les lettres avec Alef. Beit avec toutes les lettres, et toutes les lettres avec beit. Elles se renouvellent dans un cycle et existent dans 231 portes. Tout ce qui a formé et tout ce qui a parlé émane du Nom Unique la substance. Il a formé la substance à partir du chaos et à tiré l’existence de la non-existence. Il a tiré de grands piliers à partir de l’air insaisissable. Voici un signe : alef avec toutes et toutes avec alef. Il a contemplé et fabriqué tout ce qui est formé et tout ce qui est parlé : un seul Nom. Il y a un signe à cela : 22 objets dans un seul corps. »

  Les 22 lettres ont dynamisé le cycle des 7 jours de la création, de l’Aleph à Tav. 22 / 7 = 3.14, le nombre transcendant égale au rapport de la circonférence au diamètre du diamètre.

La kabbale enseigne que les lettres furent utilisés par groupes de trois les 6 premiers jours. Alef est la marque du Créateur, en tant qu’initiale de ehad dx' (UN) et permet qu’il y ait un jour UN. La création débute par la lettre Beit de Bereschit tyS'rb(au commencement) qui contiennent potentiellement les trois dernières lettres reish, shin, tav (t S r) du septième jour.

Premier jour

d

g

d

Deuxième jour

z

w

h

Troisième jour

y

X

x

Quatrième jour

k

l

m

Cinquième jour

v

s

n

Sixième jour

q

c

p

Septième jour

t

S

r

Ainsi le septième jour, l’ensemble des lettres fut réunie et provoqua le repos du sabbat.

Le premier verset du livre de la genèse nous permet de découvrir la présence des 22 lettres :

¦r'h t'w £'mSh t' £yhl' 'rb tyS'rb (au commencement D.ieu créa les cieux et la terre)
Les mots de cette phrases ont  pour initiales
h w h ' ' b b dont la somme égale à 2 + 2 + 1 + 1 + 5 + 6 + 5 = 22.
De plus les trois premiers mots
£yhl' 'rb tyS'rb  ont une guématria de 1202 de même valeur que l’expression wmlwv 'rb twytw' bk « avec 22 lettres, Il a créé Son monde »

Les 28 lettres du premier verset sont répartis en  7 mots.
En retirant les 6 lettres du premier mot, ou bien les 6
' il reste 22 lettres. Ainsi le Bereschit apparaît comme le lieu par lequel la circonférence des 22 lettres semblent se déployer dans le carré des 28 lettres.

 22 / 7 = 3.14 Ainsi 7 est la mesure du diamètre du cercle de 22 lettres de circonférence.
La quadrature de ce cercle donne un carré de périmètre 4 x 7 = 28 qui est le nombre de lettres de alef initial jusqu’à alef final en passant au-delà de la lettre Tav par les lettres finales
¢ £ ¤ ¥ ¦  qui changent de forme jusqu’à la lettre alef finale ' (1000)

huitième jour

¢

£

¤  

neuvième jour

¥

¦

'

Le neuvième jour est un retour à l’unicité primordiale qui trace la lettre nouvelle principe nouveau d’un nouveau cycle de création.

La graphie

Symbolisme

Taw est la marque, le sceau divin : « Le premier signe mentionné par l’Ecriture fut placé par D.ieu Lui-même qui inscrivit une simple lettre de l’AlephBeith sur le front de Caïn. Na’hlas Benyamin de Tanh’ouma maintient que ce signe avait la forme du Taw. » (Midrach haGadol)

Gen 4 : 15  L’Eternel lui dit: Si quelqu’un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois. Et l’Eternel mit un signe tw' sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuât point.

Dans ce verset, il est remarquable que le signe puisse être à la fois l’objet d’une malédiction mortelle et en même temps par une opération de multiplication par 7 un signe de bénédiction pour garder en vie.

Dernière des 22 lettres de l’Alphabet, Taw représente l’aboutissement de la création, son expression, sa réalisation, sa formulation créatrice selon le principe « le début s’enracine dans la fin, et la fin dans le début. » (Séfer Yetsirah)

Taw dans l’AlephBeyt

' ¦ ¥ ¤ £ ¢ t S r q c p v s n m l k y X x z w h d g b '

De Aleph à Taw : 22 lettres

Si l’on prend une circonférence de longueur 22,

le diamètre du cercle sera 7,

le périmètre du carré inscrit sera de 28

Autre ordonnancement remarquable :

De Beyt à Taw = 21 lettres = 3 x 7

Et 28 = 4 x 7

La lettre telle qu’elle apparaît dans sa rondeur (22) ne peut être mesurée. Mais elle est grosse de l’esprit du sabbat (7ème jour) et dans les ténèbres révèle sa splendeur lumineuse dans une juste mesure (28) 

tyS'rb  Bereshit …  Le Taw ferme le premier mot de la Torah !

Il est le feu S' des passions amoureuses contenu au cœur même de l’Alliance tyrb

Pourquoi « Au commencement de … » ?

Le premier mot introduit un questionnement au commencement de Qui ? de Quoi ?

£yhl' Elohim pluriel Elah hl' D.ieu est proposé dans le livre du Zohar sous forme d’un questionnement suivant :

Qui ? ym à la limite haute des cieux, au-delà il n’y a plus de questionnement et tout prend consistance grâce à Lui.
Quoi ?
hm est la limite inférieure des cieux. A partir de ce premier enfermement du Qui ? qui devient un objet de questionnement de  « tu as compris quoi? Tu as discerné quoi ? »

Entre le haut ym et le bas hm Jacob fuit entre les deux limites, et il se tient au milieu. Et c’est ainsi que Qui ? ym créa Cela hl' (Ez 40 : 26)

Lorsque Qui ? est associé  à Cela pour former le mot Elohim £yhl', le nom n’est jamais dissocié et dans cette intimité perdure le monde. Quand Qui ? est dissocié de Cela ? L’idolâtrie qui en découle est décrite au moment du veau d’or : « Cela : voilà tes dieux Israël. » (Ez 40 : 26)  

Lecteur, la lecture de l’Ecriture te conduira au commencement de ta propre vie.

Là est le germe rb du feu S' de tes passions, dans le jeu des rencontres interpersonnelles ty qui sont le fondement de la création de toi-même.

:¦r'h tœ'w £Çy›mHh ' £yhÈl' 'rb ty›S'rb

Structure remarquable du premier verset : 28 lettres répartis en  7 mots. En retirant les 6 lettres du premier mot, ou bien les 6 ' il reste 22 lettres. Ainsi le Bereschit apparaît comme le lieu par lequel la circonférence des 22 lettres semblent se déployer dans le carré des 28 lettres.

Le retour du signe t au Aleph ' qui en est son principe spirituel signifié par Elohim £yhl' donne ensuite à ce principe spirituel de pouvoir se déployer jusqu’à sa pleine réalisation 28 lettres.

En vérité 

t' £yhl' 'rb … les trois lettres finales forment ensemble tm' : la vérité ! Vivre en vérité, c’est vivre dans le processus matriciel £' (mère) du signe t. Le signe est rondeur, entrons dans son sein !

'rb mettre dans b le voir 'r,  révéler le divin en soi, participer à la plénitude de la réalisation du divin universel.

£yhl' se mettre à l’ombre dans le sein maternel £' trois lettres  yhl = 30 + 5 + 10 = 45 équivalent à Adam £d' = 1 + 4 + 40

t' Romains 2:29  « Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement; et la circoncision, c’est celle du coeur, selon l’esprit et non selon la lettre. La louange de ce Juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu. »

Ceci est confirmé plus loin dans le verset Ge 2 : 3

:tôWvl £yhl' 'rb bara Elohim laasoth  « que D.ieu avait crées pour faire. » D.ieu ne fait pas pour créer, il crée pour faire. Ainsi est vivre en vérité !

 « En tant que symbole, le Taw représente la vibration par laquelle l’inexprimé et le non-dit se libèrent, c’est l’intégration de la conscience originelle, l’extrémité, l’accomplissement, le point culminant. » Georges Lahy L’alphabet et ses symboles.

Zohar :

La lettre Taw t  s’avança et plaide : qu’il Te plaise, Maître des Mondes, de me placer le premier dans la création du monde, car je suis la lettre qui conclut Emeth tm' qui est gravé sur ton sceau et Toi-même as pour nom Emeth, il est donc convenable au Roi de commencer avec la lettre finale d’Emeth et de créer le monde avec moi. Le Saint, béni soit-Il, lui répondit : tu es méritant et juste, mais il n’est pas correct que je commence la création du monde avec toi, puisque tu es destiné à servir de marque sur les fronts des fidèles (Ez 9 : 4) qui observe la Torah d’Aleph à Taw et, par l’absence de cette marque, les autres seront tués ; et de plus tu formes la conclusion de MaVeTh, la mort twm. C’est pourquoi tu n’es pas approprié pour initier la création du monde.

Idéogramme d’origine

 

Il existe un déterminatif égyptien qui représente deux bâtons entrecroisés, signe très utilisé pour indiquer l’acte de briser ou de partager. C’est donc la marque en général, mais aussi la marque d’une alliance. La référence au hiéroglyphe « cœur » et trachée donne à ce signe l’idée fondamentale de vie rendue possible par le sang et le souffle. C’est la rencontre entre un mouvement descendant de mise en existence de l’Etre en soi et un mouvement ascendant de remise entre les mains de l’Etre en soi de l’existant déjà exprimé. Et le lieu de cette rencontre est un minuscule point.

Signification du nom

« Le nom de Taw wt est un signe en forme de croix sur la selle d’un chameau, ce mot qui vient de la racine « tavah » hwt supporte trois significations :

1)      Marquer, désigner, dessiner

2)      Etre en deuil, la peine

3)      Habiter. Le nom de la lettre peut se prononcer Tou wt qui signifie en araméen « encore » et évoque alors le fait de recevoir davantage ou d’aller plus loin. 

"Le mot Taw est très proche de Tohou wht qui désigne un chaos." Georges Lahy

Guématria de la lettre

La valeur numérique de Taw t est 400, en analogie avec Daleth d  4, et Mem m 40

Daleth indique une verticalisation dans un retour vers l’unicité en soi Ehad dx' … la porte fraternelle qui implique le préalable de la distinction individuelle, la pénétration dans la forme, mais qui n’est rien par elle-même ld = pauvreté. Elle ne possède que ce que les autres lui donnent.

Mem indique un principe matricielle, le ventre de la mère. Le principe réformateur de la vie par changements successifs. 

Le mot « nashim » £ySn femmes a pour valeur numérique 400, le nombre 22 fait allusion aux 22 saintes de la Bible : « Sarah, Rebecca, Rachel, Léah, Yoh’évéd, Myriam, les cinq femmes de Zelafh’ad, Déborah, la femme de Manoa’h, H’annah, Abigaél, la femme de Tékoa, la veuve assistée par Elie, la shunamite, Houlda, Naomi, Yehoshéva, Ester. » Georges Lahy

Le nombre 400 est rencontré assez fréquemment dans la Bible, pour signifier une idée de perfection dans l’épreuve : 400 pièces d’argent avec lesquelles Abraham acquis la caverne de Makhpélah, 400 ans prévus de l’exil en Egypte, les 400 parsaoth, mesure de la Terre d’Israël, les 400 soldats qui accompagnaient le roi Esaü, puis le roi David lors de ces expéditions.

Forme de la lettre

Elle est formée des lettres Daleth et Nun. 

Daleth précède le Nun, indiquant un mouvement ascendant de retournement du résultat vers son origine.

Les deux lettres composent le nom de la tribu de Dan, dont le camp dans le désert était le dernier à se mettre en marche, en route vers la Terre promise. Son rôle était de collecter les objets perdus ou laissés sur place par les autres tribus et de leur rapporter. C’est le symbole spirituel de la Techouvah hbwSt « retour à D.ieu » qui consiste à reprendre les élements négligés, les occasions manqu »es, et de les ramenés en la Création, en une œuvre de réparation.

La bénédiction de Jacob sur Dan sera : « Dan jugera son peuple, comme l’Un des tribus d’Israël ». Par l’expression « l’Un des tribus » le patriarche voulait dire la tribu de Yéhouda, car ce dernier avait été investi de la destinée royale (tous les rois devaient nécessairement descendre de David, de la tribu de Yehoudah), et la Torah appelle allusivement le roi : « l’Un du peuple, celui dont la personne symbolise l’unicité du peuple.

Ainsi la bénédiction de Dan établi une relation avec celui qui se mettait en marche le premier lors des départs. « le début est enraciné dans la fin, et la fin dans le début » Sepher Yetsirah

Matthieu 20:8  Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à son intendant: Appelle les ouvriers, et paie-leur le salaire, en allant des derniers aux premiers.

Matthieu 20:16  Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers.

Marc 9:35  Alors il s’assit, appela les douze, et leur dit: Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous.

Techouvah

La lettre Taw est l’initiale des mots Techouvah (retour à D.ieu) , Torah (Loi) , Tefilah (Prière) essentielle dans la spiritualité du judaïsme.

Elle est l’initiale du mois de Tichri ( le septième mois) où se placent les solennités de Roch-Hachanah (jour du jugement) et de Yom-Kippour ( jour de l’Expiation, du verdict et du Pardon) faisant de ce mois une période de Téchouvah (retour à D.ieu)

Le mot Tichri est composé des lettres Tav t, Chin S et Rech r, qui suggère le retour de Taw vers Aleph ! Le mouvement inversé désigne le retour à D.ieu

Toi ht'

Dans le verset 1 de la Genèse la lettre Taw apparaît trois fois dans trois mots qui ont en commun de relier Aleph à Taw.

tyH'rb décomposé donne t' , rb le germe, yS le don offert en hommage.

£ymHht' Toi, l’esprit ' du signe t que j’ai fait de Toi, dans l’écoute jusqu’à carresser la quinquessence h de toi, les Là-Bas £S Toutes les projections, tous tes projets que Tu voudraient réaliser en lesquels tu te définis c’est Toi !

¦r' ht' w  Toi, l’esprit ' du signe t que j’ai fait de Toi, dans l’écoute jusqu’à carresser la quinquessence h de toi, les désirs existentiels amoureux vers lesquels tu courras (¦wr = courir) à la rencontre de l’autre, la Terre promise c’est Toi !

Sepher Yetsirah

4 : 11 Il fait régner la lettre Taw, Il la couronna. Avec elle, Il forma : la Lune dans l’Univers, le jour 7 dans l’année, la bouche dans l’âme.

L’arche de Noé

Le philosophe aime à maintenir le mot dans la précision de leur sens objectivement bien défini. Tout au contraire l'Ecriture invite à entrer à l'intérieur du mot, le réveiller à de nouvelles possibilités de sens, que recouvraient auparavant une vision extérieure pétrifiée définitivement définitive.

C'est ce que nous révèle l'histoire de Noé, quand l'hébreu nous fait pénétrer dans son bateau !

En hébreu, le mot qui désigne l'Arche se dit Téva  wbt. Le terme se rencontre à deux reprises : une fois c'est l'arche de Noé, c'est la corbeille où est caché le bébé Moïse qui traverse les eaux du Nil.

Mais pour l'hébreu, Téva signifie aussi le « mot » comme l'indique le Talmud par exemple dans l'expression « Téva bat chété otiyot » : un mot de deux lettres.

Le rabbin Baal Chem Tov reprend cette polysémie du mot Téva pour produire une nouvelle lecture de l'épisode du déluge. Pour sortir de la violence ( Gen 6 :18), il ne faut pas monter sur un bateau, mais pénétrer dans le mot, et en retrouver toutes les dimensions et  les profondeurs.

La violence serait une perversion du langage ayant perdu la dimension plurielle dont il est porteur. Il est ainsi surprenant que les dimensions de l'arche ( 300, 50, 30) écrivent en transposant au nombre les lettres correspondantes le mot Lachone ( Lamed 30, Shin 300, Nun 50) qui signifie la langue à la fois l'organe buccale et la langue du pays.

L'analyse de l'architecture de l'arche enseigne comment doit être construit une « langue » et son élément le « mot » pour se situer dans un langage dénué de violence et de destruction.

Le texte biblique dit : « fais pour toi une téva »

Rabbi Lévi Itshaq de Berditchev explique qu'il y a deux sortes de rapports au langage, un rapport passif – utilisateur d'une langue déjà existante à laquelle l'homme se soumet – et un rapport actif « l'homme dirige les lettres. »

L'homme dans ce rapport actif, construit un nouveau langage qui lui donne une nouvelle vision du monde.

Faire Téva, c'est modeler activement un langage afin qu'il parle vers à soi, et forcément parlant à soi, au bonheur à soi, et dans cet esprit, ils se comprendront tous parlant différents langages.

Acte 2 : 3, 4 Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux.

Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer

La sombre cellule

Le mot Ta 't, le plus simple composé à partir du Taw, signifie « cellule », et évoque, entre autres sens, les cellules aménagés sur le pourtour du Temple de Jérusalem, où étaient entreposés divers matériaux, et dont la particularité étaient l’absence de fenêtres. Ceci évoque le verset « il place son secret dans les ténèbres » Psaumes 18 : 12, dont l’idée est que la résidence de D.ieu se trouve au-delà de la conscience, ce qui va à l’encontre de l’idée généralement admise, et qui associe le divin à la lumière. Or, cela est la finalité de toute étude, le sceau final de toute étude, le sceau final de toute connaissance, comme en attestent les ouvrages kabbalistiques et hassidiques : « le but de toute connaissance n’est pas de connaître, mais de savoir que nous ne Te connaîtrons pas. »

Bibliographie

La lettre hébraïque et ses secrets Pin’has Pachter

L’alphabet hébreu et ses symboles Georges Lahy

Le Zohar  édition Verdier

Les mystères de l’alphabet Marc-Alain Ouaknin

Concerto pour quatre consonnes sans voyelles Marc-Alain Ouaknin